Lutter contre l’âgisme pour protéger la dignité des personnes âgées
Les récentes révélations concernant les pratiques au sein de certains EHPAD sont intolérables. Ce ne sont malheureusement pas les premières : les affaires de maltraitance dans les EHPAD se succèdent depuis quelques années.
S’il ne faut heureusement pas généraliser et évidemment souligner l’engagement des professionnels, nous ne pouvons laisser ces situations se reproduire. Il en va de notre dignité individuelle et collective, pour les personnes qui résident dans ces établissements et aussi pour notre société.
Les maltraitances des personnes en besoin d’aide à l’autonomie sont des faits graves et répréhensibles par la loi. Nous rejetons la violence physique décrite en EHPAD, parce qu’elle est visible. Mais nous nous accommodons des discriminations à l’égard des personnes vieillissantes au quotidien, au seul motif de leur âge. L’avancée en âge serait-elle donc une vulnérabilité justifiant de détourner le regard ?
Pour lutter contre les violences à l’égard des personnes âgées, il est essentiel d’affirmer les droits des personnes tout au long de la vie, sans aucune distinction d’âge. Pourquoi et comment la réalité décrite dans le scandale Orpéa a-t-elle pu perdurer aussi longtemps ?
Les stéréotypes âgistes de notre société incitent à une atteinte manifeste aux droits de l’individu qui vieillit. L’accélération du temps qu’il nous reste à vivre semble justifier que nous soyons réduits au silence et à l’acceptation. De nombreux travaux réalisés affirment et alertent depuis 2019 sur la nécessité de garantir les droits fondamentaux pour les personnes âgées, et particulièrement pour ceux résidant en EHPAD.
Réaffirmer leurs droits, c’est permettre de replacer la parole et le choix de vie au cœur de l’accompagnement. Il est urgent et primordial que les personnes en situation de fragilité puissent être soutenues pour faire valoir et entendre leurs droits.
Il est évident que le respect des droits ne pourra être pleinement effectif qu’au travers d’un renforcement des moyens humains aux côtés des aînés à domicile ou en établissement. Dans le secteur des EHPAD, le prix n’est pas toujours un indicateur de qualité. Le coût mensuel moyen des EHPAD privés lucratifs à plus de 2600 euros n’est pas un gage d’un ratio en personnel plus élevé. La logique de rentabilité actionnariale est évidemment l’une des explications de restrictions en personnel et des dérives des pratiques. Cela rend cet état de fait encore plus inacceptable, car la forte rentabilité de ces établissements, à deux chiffres depuis une dizaine d’années, ne peut se faire sur la maltraitance des résidents. Le secteur du vieillissement ne saurait dépendre de logiques exclusivement financières.
Le traumatisme de ces révélations dans l’affaire Orpéa impacte violemment notre conception de l’humanité et nous cherchons collectivement à trouver des réponses rationnelles pour nous rassurer.
Résumer ce scandale au seul fait du statut financier des établissements serait encore bien trop facile et nous ne nous donnerions pas les moyens d’éradiquer durablement la maltraitance auprès des aînés.
Les familles alertent fréquemment sur leurs difficultés à échanger avec les établissements lorsque des pratiques maltraitantes ou non bienveillantes sont constatées. Les résidents et leurs proches doivent pouvoir disposer d’un espace de dialogue avec les établissements pour résoudre ces conflits.
Or, la médiation n’existe pas dans le code de l’action sociale et des familles, qui régit le secteur du grand âge.
Rien n’oblige la mise en place d’une médiation en cas de problème, mais, en développant la médiation sur la partie soin dans les EHPAD, nous créons un nouvel outil à disposition des résidents et de leurs familles.