Une infirmière se penche sur une patiente allongée dans un lit d'hôpital
Publié le 7 février 2022

Ensemble, pour penser l’offre de soins de demain

Accès aux soins pour tous et partout, décloisonnement du système de santé, promotion et financement de la prévention et de l’innovation, prise en charge de la perte d’autonomie, soutenabilité du financement des dépenses de santé… : les enjeux auquel notre système de protection sociale doit répondre sont majeurs, et le récent débat sur les équilibres entre la Sécurité sociale et l’assurance maladie complémentaire les convoque tous.

Quelques chiffres tout d’abord : en 2020, la Sécurité Sociale a financé 79,8 % de la consommation de soins et de biens médicaux, tandis que les organismes complémentaires en ont financé 12,3 %. La part restant à la charge des ménages s’établit à 6,5 %, soit le taux le plus faible des pays de l’OCDE. Mais derrière ces données existe, chacun en convient, un système de couverture et de remboursement des soins trop complexe et peu lisible, tant pour les patients que pour les professionnels de santé eux-mêmes. Si le débat réducteur autour d’un scénario insoutenable – celui de la « Grande Sécu » – a eu une utilité, c’est au moins celle-ci : favoriser un dialogue et un travail en commun entre acteurs de santé, complémentaires et patients, pour améliorer la donne existante et corriger les facteurs d’inégalités.

D’abord, il est essentiel de rappeler que c’est bien la complémentarité Sécurité sociale / assurance maladie complémentaire pour la couverture des dépenses, qui permet l’accès financier aux soins de la population. Il s’agit d’un système équilibré, convoquant plusieurs financeurs, et cette pluralité est gage d’efficience. Une dimension majeure est évidemment la sécurisation de l’accès aux soins permise par la complémentaire. Les organismes complémentaires sont aussi des financeurs essentiels pour les établissements de santé, quel que soit leur statut, au service de l’accès aux soins des citoyens.

Une redéfinition du socle Sécurité sociale / AMC est néanmoins nécessaire. La Fédération de l’Hospitalisation Privée estime notamment qu’il est indispensable de renforcer les relations entre les Fédérations hospitalières et les organismes complémentaires. Ce dialogue, trop peu porté par la puissance publique, s’impose pour clarifier et simplifier au bénéfice des patients la structuration des remboursements. Cette lisibilité des remboursements, comme du reste des tarifs des établissements de tous statuts, est une demande importante portée par les associations de patients. Mais ce dialogue s’impose également pour définir un contrat nouveau de soins et de services rendus à la personne, et pour adopter des solutions de prise en charge et d’accompagnement vraiment innovantes.

Car les attentes et les besoins des patients ont évolué au fil des années. On ne peut que constater par exemple une demande croissante de prises en charge et de services à la fois plus personnalisés, mais aussi moins concentrés exclusivement sur le soin aigu : les pathologies au long cours supposent une approche globale et transversale de l’individu, intégrant ses déterminants psycho-sociaux et environnementaux. De même, la bascule de notre système de santé vers la prévention et l’irrigation d’une culture de santé publique est une absolue nécessité. A l’évidence, les organismes complémentaires ont un rôle majeur à jouer, et leurs actions en la matière gagneraient à être mieux identifiées et valorisées.

Des travaux prospectifs doivent pouvoir s’engager entre les organismes complémentaires et les Fédérations hospitalières sur ce que sera l’offre de soins de demain et les besoins nouveaux, afin d’envisager les contours d’un partenariat renforcé, fondé sur la qualité, la pertinence, l’évaluation, la contractualisation et la responsabilité partagée.

Redéfinition de la solidarité nationale, réduction des inégalités, réponses adéquates aux défis prospectifs en santé, prévoyance de la dépendance, offre plus conforme aux nouvelles attentes des patients-citoyens… Là où le débat sur la Grande Sécu s’est fourvoyé dans des considérations dogmatiques, la réflexion sur l’équilibre Sécurité sociale / assurance maladie complémentaire est un débat majeur de nature éminemment politique en cette période pré-électorale, qui doit être abordé de manière approfondie dans le dialogue entre toutes les parties prenantes.


 

Par Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP)