13%
C’est le taux supplémentaire d’incidence de la maladie de Parkinson chez les exploitants agricoles par rapport au reste de la population
Au total, 4 900 pathologies sont reconnues chaque année comme maladies professionnelles chez les agriculteurs. Plus de 90 % d’entre elles sont des TMS (troubles musculo-squelettiques), le reste des cas étant principalement liés aux animaux et à la poussière de bois ou d’amiante, selon la Mutualité sociale agricole1.
Les pesticides : un problème sanitaire
Il existe une présomption forte2 quant au lien existant entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.
Malgré les interdictions, les seuils réglementaires d’utilisation des pesticides ne sont pas respectés. En effet, parmi les près de 300 substances recensées dans le cadre d’un prélèvement réalisé en 2017 pour évaluer la qualité des eaux souterraines, la moitié étaient des herbicides et 40 % sont des substances actuellement interdites3. La contamination des eaux de surface est généralisée avec, entre 2015 et 2017, 84 % des points de mesures dépassant au moins une fois le seuil de 0,1 μg/l pour la concentration de chaque pesticide pris isolément.
La maladie de Parkinson : un mal bien identifié
La relation entre la maladie de Parkinson et le métier d’agriculteur, très exposé aux pesticides, est bien documentée dans la littérature4. Depuis 2012, la maladie de Parkinson peut être reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs.
Environ 1 800 nouveaux cas par an se sont déclarés chez les exploitants agricoles âgés de 55 ans et plus, ce qui correspond à une incidence de 13 % plus élevée que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie, selon une étude menée à partir des données de l’assurance maladie5. Cette différence était encore plus marquée (+18 %) chez les sujets de 60-84 ans.
Des plans de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires qui peinent à produire leurs effets
Afin de remédier à ce problème de santé publique, le plan Écophyto I a été lancé en 2008 à l’issue du Grenelle de l’environnement, avec pour objectif la réduction de moitié de l’usage des produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2018. Cet objectif non atteint a été reporté à 2025 dans le cadre du plan Ecophyto II.
En effet, en 2018, lors du bilan à 10 ans, le constat est celui d’un échec : l’utilisation de produits phytosanitaires, au lieu de diminuer, a augmenté de 22 % et le modèle agricole français demeure très dépendant des pesticides. Même si en 2019, l’utilisation de produits phytosanitaires a connu une baisse historique très importante de 37 % par rapport à 2018, cette réduction est limitée à -12% en comparaison à 2009, soit un niveau inférieur à l’objectif de réduction fixé.
Lors du Grenelle de l’environnement (2007), il avait été décidé d’un passage en agriculture biologique de 6 % de la surface agricole (SAU) en 2010, à 20 % en 2020. Pourtant aujourd’hui, seulement 9,5% du territoire agricole français est consacré à l’agriculture biologique(6).
2 – Inserm (2021), Pesticides et effets sur la santé – nouvelles données, expertise collective.
4 – Santepubliquefrance.fr, « Les agriculteurs et la maladie de Parkinson », consulté le 28/02/2022.
5 – Relation entre les caractéristiques agricoles et deux maladies neurodégénératives, la maladie de Parkinson et la sclérose latérale amyotrophique, thèse de Santé publique (2017). Citée par Santé Publique France.fr.
6 – Inao (2020), agriculture biologique. Site https://www.inao.gouv.fr, consulté le 28/02/2022.