Quel financement pour notre système de santé ?
Dans une note analysant le financement de notre système de santé, réalisée en partenariat avec AÉSIO mutuelle, l’Institut Sapiens et le cabinet Asterès ont pu évaluer les risques pesant sur notre système de santé face aux nombreux défis qui l’attendent. Les auteurs de cette note[1] pointent la nécessité d’engager une réflexion sur la pertinence des dépenses actuelles pour dégager des marges de manœuvre nécessaires au financement de ces défis, concluant que l’avenir du système de santé français et la sauvegarde de tous ses avantages ne passera que par un renforcement de la complémentarité des acteurs en place.
Si la crise sanitaire a pu mettre au jour les forces et les faiblesses de notre système de santé, elle a également nécessairement porté au débat la question du financement de l’Assurance maladie et le besoin de le repenser.
Avec une perte de 30,4 milliards d’euros, la branche maladie représente 78% du déficit de la Sécurité Sociale pour l’année 2020. Cette forte dégradation des comptes sociaux, due à la fois aux baisses de recettes liées à la récession (estimées à 16 milliards d’euros, soit -3,5%) et à l’explosion des dépenses engendrées par la crise COVID (estimées à 46 milliards d’euros, 35 milliards de prestations supplémentaires et 11 milliards d’autres dépenses exceptionnelles comme l’achat de masques ou de tests), s’est prolongé en 2021, où le déficit a atteint 26,1 milliards d’euros (107% du déficit total du régime général et du fonds de solidarité vieillesse, qui avait atteint 24,4 milliards en 2021).
La France offre la meilleure accessibilité financière aux soins de tous les pays de l’OCDE avec, en moyenne, les restes à charge les plus faibles (6,9%) grâce au système mixte alliant acteurs publics et privés. S’interroger sur le financement du système de santé est ainsi indispensable afin de conforter cette première place et préserver les atouts du système.
En effet, les défis sont nombreux : préserver le capital santé des Français grâce à une vraie stratégie de prévention, relever le grand défi du financement et de la prise en charge du vieillissement de la population, assurer la soutenabilité économique du système … et les besoins de financement sont ainsi colossaux. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que, pour répondre à ces enjeux, nos dépenses de santé doivent augmenter de 2,3% par rapport au PIB d’ici à 2030.
Nous devons donc repenser le fonctionnement actuel du système pour garantir le financement de ces défis, tout en favorisant un financement pluriel et partagé de toutes les dépenses de santé (y compris concernant les affections de longue durée).
Pour les auteurs de la note, c’est la complémentarité des acteurs qui permettra de préserver les forces de notre système, au premier rang desquelles l’accessibilité financière aux soins. Ainsi, alertent-ils sur le fait qu’une nationalisation complète du financement des soins, ou l’assignation des complémentaires santé au seul périmètre du petit risque pourraient, à terme, mettre à mal le financement de notre système et finir par peser sur les patients.
[1] Il s’agit d’Erwan Tison (Directeur des études de l’Institut Sapiens) et de Guillaume Moukala-Samé (Chargé d’études économiques chez Asterès, Chargé d’études à l’Institut Sapiens).
Pour aller plus loin
Cette note vient conclure la collection de cinq notes thématiques réalisées par l’Institut Sapiens et le cabinet Asterès, en partenariat avec AÉSIO mutuelle.
Les auteurs ont bénéficié d’une autonomie totale dans la rédaction.
Ces cinq notes peuvent être consultées sur le site de l’Institut Sapiens :
- La vérité sur les frais de gestion des complémentaires santé
- La face cachée des propositions du HCAAM – Synthèse des effets des différents scénarios du HCAAM
- Le rôle des complémentaires santé dans le processus d’innovation
- Prendre le virage de la prévention
- Quel financement pour notre système de santé ?
Vous pouvez aussi consulter l’Opinion publiée par l’Institut Sapiens et Asteres :